top of page

Chantons sous la crise : Broadway à l’heure de la Covid 19

Broadway, une « forêt pétrifiée » (M. Paulson, journaliste du New York Times)

12 mars 2020. Une date que les quarante-et-un théâtres situés entre la 42e et la 53e rue de Manhattan ne sont pas près d’oublier. Alors que le Brooks Atkinson Theatre se préparait à recevoir des centaines de spectateurs.rices pour l’avant-première de Six, la Broadway Ligue décide la fermeture des théâtres, laissant comme unique trace du spectacle l’affiche visible sur la devanture du bâtiment.

Globalement, le quartier de Broadway se résume depuis ce jour à des rues désertes, des grilles baissées et des sacs poubelle qui s’amoncellent. Michael Paulson, journaliste du New York Times couvrant le théâtre pour ce journal, qualifie ce paysage de « forêt pétrifiée ». La Covid-19 pétrifie durablement la culture, et Broadway n’y échappe pas.

Bientôt un an plus tard, le secteur est toujours asphyxié par les confinements successifs. Au-delà de la catastrophe culturelle que cela implique, c’est d’abord une situation économique solidement dégradée. En pleine saison, les théâtres de Broadway sont le véritable poumon de Manhattan : sur la saison dernière, les recettes liées au secteur s’élevaient à 33 millions de dollars par semaine. A ce jour, la réouverture des théâtres est prévue pour fin mai 2021. Lorsqu’on sait qu’en moyenne, 7 tickets sur 10 sont achetés par des touristes qui, venant assister à une représentation, payent nuits d’hôtel et restaurants et font du shopping dans la ville, on comprend que la catastrophe de 14 mois consécutifs de fermeture totale est complète.

Les réponses politiques à cette paralysie économico-culturelle ont été maigres. Alors qu’en décembre 2020, le Congrès américain vote un plan de relance de 900 milliards de dollars pour le secteur du théâtre, Donald Trump le bloque dans la foulée, empêchant les quelques 12 millions de potentiels bénéficiaires d’en profiter.


Vers un théâtre numérique ?

Confronté à cet épisode pandémique plus que prolongé, le monde du spectacle est appelé se renouveler. Selon Scott Heller, rédacteur en chef chargé du théâtre pour le New York Times interrogé sur France Culture, le « théâtre numérique » n’est pas un oxymore. Pour lui, le théâtre américain se transforme depuis plusieurs années, avec plus de diversité, plus de numérique et plus de décentralisation. Le Soft Power est dédié à Broadway et, dans la période difficile que nous traversons, il est l’occasion de lui rendre hommage.

Internet est effectivement un outil performant pour encourager le public à rester actif. Le 1er janvier 2021, une représentation unique de la comédie musicale Ratatouille était accessible à tous les internautes payant un ticket virtuel de 5 dollars. L’intégralité de l’argent récolté était destinée au « Fonds des acteurs », créé pour soutenir les professions du spectacle.


Non, exiger la réouverture des théâtres n’est pas un caprice

Ne l’oublions pas, le XXe siècle occidental fut marqué par une explosion des pratiques culturelles. Notre société a progressivement glissé d’une conception oisive du loisir comme repos, comme non-travail à une conception hédoniste et active des pratiques culturelles comme valeur, comme élément essentiel de la vie, du bien-être humain.

C’est la force de cette mutation anthropologique qu’il convient de défendre dans le contexte que nous connaissons. Il ne faudrait pas que notre société, véritable civilisation de loisir, ne vive l’abolition culturelle dans un temps opprimé et masqué.

Marion Gamet




Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Retrouvez-nous
  • Blanc Facebook Icône
  • Blanc Icône Instagram
  • Blanc Icône YouTube
  • Blanc Vimeo Icône
bottom of page